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Les débuts d'un jeune patron
Emile-Justin Menier, comme son père, suit des études de pharmacie et obtient son diplôme en 1853. Le droit et l'économie retiennent également son attention. Il exerce ses premières responsabilités dans une France qui vit les bouleversements économiques et politiques de la modernité et du libéralisme.
Girard, Berthelot, Saulnier et les autres
Le premier souci d'Emile-Justin est de moderniser son établissement au bord de la Marne. L'architecte Bonneau agrandit le moulin et Louis-Dominique Girard installe deux roues-hélices, une innovation remarquée lors de l'Exposition universelle de 1855. De 1860 à 1863, Marcelin Berthelot ordonne et conseille les préparations du laboratoire de Noisiel. Le jury de l'Exposition universelle de 1862 note : C'est un devoir pour les rapporteurs de signaler avec les éloges qu'ils méritent les procédés synthétiques admirables trouvés par Berthelot… Emile-Justin fait appel, pour l'organisation spatiale de ses manufactures, à l'architecte Jules Saulnier. D'abord pour l'édification d'une vaste fabrique de produits chimiques et pharmaceutiques, dans la banlieue nord de Paris, à Saint-Denis, puis pour la reconstruction du moulin à Noisiel. Saulnier conçoit une ossature métallique porteuse. Cette réalisation constitue une nouveauté soulignée par Viollet-le-Duc. Cette structure permet d'envisager, pour les murs, un simple remplissage de briques, qu'Emile-Justin voulu cependant avec un luxe dans la décoration rarement utilisé dans des constructions industrielles. Dans la chaîne de fabrication du chocolat, l'une es dernières opérations consiste dans la réfrigération du produit. La production de froid artificiel s'impose. Pour Emile-Justin l'homme de la situation fut Charles Tellier le père du froid.
Menier-ville
- Les différents agrandissements du site usinier mordent progressivement le village. La chocolaterie ne peut s'étendre qu'en le rasant. Ainsi, un siècle avant l'apparition de la ville de Marne-la-Vallée, nous sommes à Noisiel face à la construction d'une ville nouvelle.
- Les travaux de la cité ouvrière commencent en 1874. Ils seront complètement achevés à la fin du siècle (le XXe) : plus de trois cents logements individuels avec jardins. La nouvelle cité se substituant à l'ancien village, il a fallu intégrer au projet les besoins de la vie quotidienne des habitants : écoles, magasins d'approvisionnement, réfectoires, hôtels-restaurants, service médical, salle d'allaitement, pharmacie, lavoirs, …
Le domaine de Noisiel
- La Maison Menier possède également un vaste domaine agricole de 1500 hectares, avec des terres en cultures, des prairies, des bois, des parcs, des fermes ainsi qu'un haras.
Cet important domaine est orchestré par un équipement central, la ferme du Buisson-Saint-Antoine, une ferme-modèle, sur deux hectares, exploitée avec la même modernité que l'usine. Afin de faciliter l'approvisionnement en matières premières et l'expédition du chocolat, un chemin de fer privé relie l'usine, la ferme du Buisson à la ligne Paris-Bâle.
Paris, Londres, New York et ailleurs
- Pour assurer la coordination des divers établissements, la Maison Menier crée un vaste siège social à Paris.
Pour répondre à l'importance croissante des livraisons la Maison Menier construit un important entrepôt relié au Chemin de fer de l'Est. Des dépôts sont installés dans les principales villes de France, aux colonies et à l'étranger. Les cas de Londres et New York sont particuliers puisque l'on y édifie des usines.
Vers une transition
- En 1879, l'état de santé d'Emile-Justin Menier donne des signes d'inquiétude. En 1881 il meurt. Une nouvelle génération, ses trois fils, Henri, Gaston et Albert, déjà aux affaires depuis quelques années, va œuvrer pour agrandir cet empire triomphant.
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